M e n u


Les mots d'Angot
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Il l'avait serrée dans ses bras. Il l'avait embrassée. Elle lui avait demandé s'il l'aimait. Il avait répondu : bien sûr, je t'aime. Je suis là. Je suis pas loin. Elle s'était rendu compte à quel point elle était heureuse de le savoir dans sa vie, d'être avec lui, de vivre avec lui. Surtout quand il n'était pas là comme en ce moment. Elle détestait son désordre, elle détestait l'odeur de tabac froid, les cendriers pleins, les fenêtres ouvertes en plein hiver pour essayer de faire partir l'odeur, elle détestait quand il dormait des heures le matin, au lieu de venir lui faire l'amour. Elle était contente de penser à lui, de penser qu'il l'aimait, qu'il pensait qu'il était avec elle. Qu'il existait. Mais il y avait quelque chose qui n'allait pas depuis le début. Des signes bizarres auraient dû les alerter. Ils ne s'étaient pas méfiés, au contraire, ils avaient foncé, trop contents d'être amoureux.

Les désaxés

Peau d'âne ne connaissait rien, elle habitait une petite ville du centre de la France et n'avait rien vu de très extraordinaire. Sa mère, qui était très belle, l'aimait. Il y avait un mimétisme entre Peau d'âne et sa mère. Un jour, le directeur financier de l'hôpital psychatrique rattaché à la Sécurité sociale où travaillait sa mère, avait dit, à la suite du Noël de Gireugne, puisque c'était le nom de cet hôpital: c'est incroyable le mimétisme. L'école de Peau d'âne était une école de filles, une école privée. Pourquoi ? Parce que sa mère, qui était si belle, n'était pas mariée avec le père de Peau d'âne, et à l'époque c'était extrèmement rare. En 58-59 une femme dans une petite ville qui se baladait avec son ventre de femme enceinte, on appelait ça une fille mère, sa mère disait une mère célibataire, c'était son combat de dire comme ça.

Peau d'âne

Pourquoi le bresil ? Peut-être parce que c'est un pays dont toute la richesse est dans l'avenir, comme toi à qui le globe était destiné.

Pourquoi le brésil ?

Toujours m'appuyer sur des choses annexes, faire des rapprochements, depuis que j'écris, il y a toujours eu d'autres voix, d'autres textes, d'autres choses, toujours. Il faut que je compte sur moi maintenant, le plus proche, le plus réel, pas grand-chose, avec l'inceste je ne peux pas me sentir grand-chose, le corps, la vie, le lieu où je vis, la comédie que je me joue, dans mes angoisses mes crises de larmes, mes coups de fil, mon intelligence, etc... toutes mes limites, être juste sur ma limite, m'appuyez dessus, comme à la rampe qui monte chez l'avocat. Que tout le monde la voit, ma nullité, mon, rien, mon minimum d'être humain, le tout petit écrivain que je suis.

L'inceste